La place Léon Blum : état actuel et les 3 options

Source Site Internet Mairie de Paris

                                               Cabinet Bernard ALTABEGOÏTY

 

 

 

Etat actuel

 

 

 

Option rond-point

Circulation automobile

Circulation piétonne

 

 

 

Option terre-plein

Circulation automobile

Circulation piétonne

 

 

 

Option refusée par l'architecte des Bâtiments de France

 

Option Square

 

 

 

 

Commentaires

 

  Nous le savons, les services de la ville le savent depuis longtemps, en matière d'aménagement urbain et de circulation, il n'y a pas de baguette magique.

           Dans une grande ville, les échelles s'emboîtent. La circulation ne peut pas se comprendre en isolant telle ou telle voie mais bien dans le réseau général des voies de Paris. Aujourd'hui encore, c'est le grand système des voies mis en place par Haussmann qui structure Paris.

   Le simple bon sens et la lecture d'un plan de Paris permettent de le concevoir aisément. La Place Léon Blum n'échappe pas au système parisien. C'est un élément clé, une place d'échelle intermédiaire,  carrefour étroitement imbriqué dans le système de circulation du centre / est parisien. La Place agit comme un répartiteur de circulation pour de grandes directions. République Nation par le Bd Voltaire ; faubourg St Antoine, Bastille par la rue de la Roquette et l'avenue Ledru Rollin, Hôpital Saint Louis , Colonel Fabien, place Stalingrad et tout le nord-est parisien par l'avenue Parmentier, Père Lachaise, av. Gambetta, autoroute A3 et périphérique par la rue de la Roquette... Les imbrications sont nombreuses.

        Dans ce système, comment obtenir une baisse locale du trafic sans baisse générale ? Peut-on trouver une solution intermédiaire en déportant une part du trafic sur d'autres secteurs ? Comment penser un changement local sans une révision globale du plan de circulation pour le 11ème et la zone d'influence de la place, sans simulation des reports de circulation à l'échelle de l'arrondissement, voire plus ? Ne risque-t-on pas une espèce d' "effet papillon " entraînant de nouveaux blocages et encore plus de désagréments dans un arrondissement parisien déjà très perturbé par les aléas de la monoactivité ?

       Peut-on attendre une solution miracle du décalage d'une voie et de la mise en sens unique de l'extrémité d'une grande avenue ? Une proposition dictée par l'application mécanique de quelques études techniques trop partielles peut-elle faire oeuvre d'aménagement ? La gesticulation architecturale qui en découle est-elle digne de l'espace parisien ? La mémoire du passé, la qualité des aménagements, les usages futurs nous interrogent.

       Où est l'identité de la Place Léon Blum ?
       Peut-on oublier, dans l'aménagement, les traces que la Place  a laissées dans la mémoire collective ?
       Quels bénéfices peuvent en tirer les riverains et les parisiens ?
        Et ... le trafic baissera-t-il réellement ?


Modernisons, modernisons la ville ! Oui, mais pas à n¹importe quel prix. L'histoire des villes nous l'enseigne et les prises de position de la municipalité actuelle ont toujours été de considérer qu'une action édilitaire moderne pouvait puiser, dans son histoire, les fondements du changement... Alors, peut-on rejeter dans un aménagement de circonstance une forme urbaine et un haut lieu de la mémoire parisienne, et sans même s'être assuré du résultat technique ?


Haussmann a voulu la Place Léon Blum ( Place du Prince Eugène ) : le dessin figure au côté d'autres grandes places parisiennes dans les " Promenades de Paris " publiées par Alphand,  responsable des travaux d'Haussmann à Paris. Dans ce dessin, la forme en trapèze de la mairie du 11ème suit exactement le tracé des voies, c'est le précepte de "l'ilôt-équipement" cher à l'aménagement haussmannien.

Mais n'oublions pas que la place Léon Blum est aussi un lieu de la mémoire populaire. C'est ici, sur ce tracé, dans ce dessin que la Commune de Paris érigea un de ces derniers espaces de résistance, non des moindres puisque c'est dans la Mairie de notre arrondissement que la Commune se réfugia en fuyant l'Hôtel de Ville.....

Peut-on, pour
un résultat fonctionnel hasardeux et un projet sans charme, faire table rase de ce passé, de cette mémoire qui fait notre présent....? La forme de Paris et l'histoire populaire se mêlent trop étroitement pour être ignorées dans un quelconque aménagement de circonstance. Ne vaut-il pas mieux remettre l'ouvrage sur le métier de la concertation ?


                           Luc Vilan
                                   architecte